La chute, un beau matin [Pv Stan]

La journée s'annonçait comme les autres journées dans les bois aux environs de Forks : de gros nuages noirs planaient au-dessus des frondaisons, un brouillard étrange stagnait entre les troncs épais. Le temps était lourd. Humide. Chose qui ne semblait pas déranger une jeune fille d'environ dix-sept ans, qui avançait d'une course légère et rapide à travers la forêt. Ses cheveux châtain au vent, presque comme d'habitude, voletaient autour de son visage mutin éclairé d'un grand sourire. Ses yeux bleu sombre étincelaient.

Felicity s'était réveillée, ce samedi matin, avec une folle envie de courir. Courir, à s'en briser les poumons, jusqu'à ne plus du tout avoir de souffle. Et notre chère amie, obéissant à cet étrange appel de la vitesse, s'était précipitée à l'endroit qu'il lui semblait le plus sauvage aux alentours de Forks. Au moins, le prof de sport ne pourrait pas dire qu'elle ne s'était pas entraînée en endurance.

Elle aimait courir. Comme si aller vite physiquement compensait sa lenteur mentale. Ah, comme elle aurait aimé parler aussi vite que les autres ! Mais malheureusement, c'était et ce serait toujours impossible.

* Un Koala reste toujours un Koala *, songea-t-elle avec une ironie emprunte de tristesse.

Ses pensées furent interrompues par une racine dépassant d'une motte de terre. Racine qu'elle n'aurait pas remarquée si celle-ci ne s'était pas prise dans ses pieds pour l'envoyer valdinguer à trois mètres, en contre-bas d'une pente raide. Pendant un quart de seconde, Felicity connut la formidable expérience de voler comme un oiseau, puis s'étala lamentablement au bord d'un petit ruisseau. Heureusement, un tapis de mousse, poussant là comme par hasard, amortit sa chute. Et puis, la jeune fille n'était pas une fleur fragile, elle en avait vu d'autres ; c'est donc presque aussitôt qu'elle releva la tête et s'assit, puis éclata de rire comme si sa propre maladresse lui était comique. Elle resta là pendant une ou deux minutes, riant de tout son coeur, puis reprit un semblant de sérieux et lissa d'un revers son t-shirt vert pomme trempé par la brume et la rosée. N'oublions pas de préciser que l'adolescente avait cru bon de sortir par un temps pareil sans même un gilet. Son jean blanc, lui, avait été déchiré au genou, mais miraculeusement épargné par les taches. Elle reprit lentement son souffle -sa course et sa crise de rire l'avaient un peu fatiguée-, puis regarda aux alentours.

Elle s'était énormément éloignée de son point de départ. Tout paraissait désert et calme. S'il y avait des animaux à côté, alors ils s'étaient cachés. Pas étonnant, la chute de Felicity aurait fait peur même au plus fou des casse-cou. Un craquement attira néanmoins son attention vers un grand chêne, derrière elle. Un écureuil, peut-être ? La jeune fille se retourna, curieuse.

* Ca me paraît plus grand qu'un écureuil. *