Perchée sur le toit de sa maison, Agathe, emmitouflée dans une épaisse couverture, fixait l'horizon de cette ville décidément bien étrange. Bien qu'elle ait fait déjà plusieurs rencontres, chacune d'entre elle avait été particulièrement inhabituelle. Agathe n'était peut-être pas très bavarde, mais elle était une excellente observatrice. Au lycée, elle avait pu remarquer que plusieurs gens au physique splendide ne trainaient qu'en bande, exactement comme une secte. Tels des robots programmés, ils marchaient tous avec aisance, souplesse, et avec une adresse inégalée. Beaux comme des anges à la peau blanchâtre, ils intriguaient la petite Agathe qui se posait sans cesse des questions. Un grondement sourd provenant du ciel ombragé tira la jeune femme de ses réflexions. A en juger par le ciel menaçant qui recouvrait la ville, un orage ne tarderait pas à éclater.
Lentement, Agathe regagna sa chambre et entreprit de s'habiller plus chaudement. Elle enfila son seul et unique pull en cachemire, se rapprochant d'un beige vieillit qui faisait ressortir les cheveux blonds de la jeune femme. Un jeans, une paire de bottes chaudes, son manteau noir et la voilà qui arpentait la route menant au centre-ville. Le ciel menaçait de lâcher ses trombes d'eau d'un moment à l'autre, mais c'était bien le dernier de ses soucis. Camouflant sa maudite boiterie, elle ne prêtait aucune attention aux gouttes de pluie qui s'écrasaient sur son visage, et poursuivit sa marche vers un endroit qui lui était encore inconnu.
Les minutes défilèrent ainsi, Agathe s'aventura dans les sous-bois, et ce fut à l'instant où elle réalisa s'être bien trop éloignée du sentier, qu'elle daigna s'arrêter. La pluie redoubla d'intensité tandis que même les gouttes commencèrent à pénétrer sous son manteau. Un bruit, elle sursauta. Le souffle coupée, comme prise de panique, elle tourna sur elle-même, arpentant du regard les environs, dans l'espoir d'apercevoir la source de ce bruit. Un craquement se fit entendre dans son dos, et elle fit aussitôt volte-face. Le teint livide, elle repoussa quelques mèches blondes, mouillées par la pluie et collées à son front. Pourquoi donc n'était-elle pas rester chez elle dans sa petite chambre confortable...?